Eaux calmes, impact profond : une analyse des tendances de développement et du vaste potentiel des systèmes d'aquaculture en recirculation en Afrique

Face à une population mondiale croissante et à des ressources halieutiques sauvages de plus en plus menacées, l'aquaculture est devenue un secteur clé pour garantir la sécurité d'approvisionnement en protéines. Cependant, les modèles aquacoles traditionnels s'accompagnent souvent de pressions environnementales, d'une forte consommation de terres et de ressources en eau, et d'un risque de transmission de maladies. Dans ce contexte mondial, le continent africain se trouve à un tournant historique. Il possède de vastes littoraux et d'abondantes ressources en eau, mais doit simultanément faire face à de graves défis liés à la sécurité alimentaire, à la rareté de l'eau et au changement climatique. C'est précisément dans ce contexte complexe qu'une technologie révolutionnaire, les systèmes d'aquaculture en recirculation (RAS), émerge discrètement en Afrique, annonçant une transformation silencieuse mais profonde du secteur aquacole du continent.

I. Une voie vers une percée : aperçu de la technologie RAS et situation critique de l'aquaculture africaine

Un système d'aquaculture en recirculation (RAS) est une technologie d'aquaculture à haute densité pratiquée en milieu contrôlé. Son principe repose sur le recyclage continu de l'eau des bassins d'élevage à travers une série d'unités de filtration physique, biologique et chimique, ne nécessitant qu'un apport minimal pour compenser les pertes d'eau par évaporation et rejets. Le RAS permet un contrôle précis de paramètres clés tels que la température de l'eau, l'oxygène dissous, le pH et l'ammoniac, affranchissant ainsi l'aquaculture des contraintes traditionnelles liées aux conditions naturelles.

En revanche, l'aquaculture traditionnelle en Afrique est limitée par plusieurs facteurs majeurs :

1. Pénurie et incertitude liées à l'eau : De vastes régions d'Afrique sont arides et reçoivent de faibles précipitations, les rivières saisonnières s'asséchant fréquemment. L'aquaculture traditionnelle en étang est très vulnérable aux aléas climatiques.

2. Concurrence pour les ressources foncières : Les terres fertiles et plates, bien desservies en eau et propices à la construction d'étangs, sont souvent des terres de premier choix, convoitées par l'agriculture et l'établissement humain.

3. Risque de pollution environnementale : Le rejet d’eaux usées provenant de systèmes de culture ouverts peut entraîner l’eutrophisation des plans d’eau environnants, causant des problèmes écologiques.

4. Infestation par des maladies et des ravageurs : Les échanges avec les plans d'eau extérieurs rendent les stocks de poissons très sensibles aux épidémies de pathogènes, ce qui entraîne des pertes économiques importantes.

5. Limitations géographiques : Les pays sans accès à la mer sont confrontés à des coûts extrêmement élevés pour développer la mariculture, ce qui rend difficile l’accès aux produits de la mer de grande valeur.

Ces défis mêmes créent le contexte idéal pour que la technologie RAS démontre sa valeur en Afrique.

II. Points saillants des avantages : Pourquoi le système RAS est un choix idéal pour l’aquaculture africaine

Les caractéristiques de la technologie RAS correspondent parfaitement aux besoins de développement de l'Afrique. Ses avantages sont manifestes non seulement en termes d'efficacité de production, mais aussi de valeur stratégique.

1. Utilisation extrêmement efficace de l'eau, pour lutter contre la pénurie d'eau

C’est là le principal atout des systèmes d’aquaculture en recirculation (RAS) en Afrique. Comparés à l’aquaculture traditionnelle en étang, les RAS permettent d’améliorer l’efficacité de l’utilisation de l’eau de plus de 90 %. Plus de 95 % de l’eau du système est recyclée et réutilisée, ne nécessitant qu’un apport minimal. Pour les régions arides et semi-arides comme l’Afrique subsaharienne, cela se traduit par la mise en place de bases aquacoles stables et à haut rendement, quasiment indépendantes des précipitations naturelles. Ces systèmes permettent le développement de l’aquaculture à l’intérieur des terres, jusqu’aux périphéries urbaines, étendant considérablement les frontières géographiques de ce secteur.

2. Utilisation intensive des terres, atténuant la concurrence foncière

L'aquaculture en recirculation (RAS) est un modèle de production très intensif ; le rendement par unité de surface peut être des dizaines, voire des centaines de fois supérieur à celui des étangs traditionnels. Une installation RAS de quelques centaines de mètres carrés seulement pourrait potentiellement égaler, voire dépasser, la production annuelle de plusieurs dizaines d'hectares d'étangs. Cela rend possible la création de fermes sur des terrains rares en périphérie des villes ou sur des terres non cultivables, raccourcissant ainsi le circuit court et réduisant les coûts logistiques, tout en offrant une nouvelle voie pour la sécurité alimentaire urbaine.

3. Contrôle environnemental précis, garantissant la biosécurité et une production tout au long de l'année

Fonctionnant en milieu clos et intérieur, les systèmes d'aquaculture en recirculation (RAS) isolent efficacement les stocks des agents pathogènes, parasites et prédateurs externes, réduisant considérablement le recours aux antibiotiques et jetant les bases d'une production de produits aquatiques sûrs et de haute qualité. De plus, indépendants des saisons et du climat, ces systèmes permettent une production continue tout au long de l'année, garantissant un approvisionnement stable du marché et atténuant les fluctuations de prix dues aux pénuries saisonnières. Ceci est essentiel pour la préservation des systèmes d'approvisionnement alimentaire vulnérables de l'Afrique.

4. Choix flexible de l'emplacement, autonomisation des pays enclavés et des économies urbaines

Cet avantage des systèmes d'aquaculture en recirculation (RAS) est révolutionnaire pour l'Afrique. Il permet à des pays enclavés comme la Zambie, le Zimbabwe et l'Ouganda de créer des « fermes marines » dans des villes situées à l'intérieur des terres pour l'élevage d'espèces marines à haute valeur ajoutée (par exemple, le saumon atlantique et le mérou), sans dépendre d'importations coûteuses par transport aérien. Cela peut non seulement répondre à la demande locale croissante en protéines de haute qualité et permettre des économies de devises, mais aussi potentiellement créer des débouchés à l'exportation. L'implantation de ces fermes à proximité des principaux centres de consommation réduit considérablement les coûts de transport frigorifique et les émissions de carbone.

5. Respect de l'environnement, en accord avec les principes du développement durable

Les systèmes d'aquaculture en recirculation (RAS) concentrent les déchets aquacoles (excréments de poissons, aliments non consommés). Ces déchets solides, riches en azote et en phosphore, peuvent être transformés en engrais organique de haute qualité pour l'agriculture, créant ainsi un modèle d'économie circulaire intégré « aquaculture-agriculture » ​​et prévenant la pollution de l'eau. Cette durabilité environnementale s'inscrit dans les tendances mondiales et rend ces projets plus attractifs pour les organisations internationales et les investisseurs soutenant les initiatives de développement durable.

III. Tendances de développement : opportunités et défis coexistent

Malgré son immense potentiel, le développement des systèmes d'assistance respiratoire en Afrique n'en est qu'à ses débuts, et les tendances actuelles dressent un tableau complexe d'opportunités et de défis étroitement liés.

Tendances de développement :

Passage des projets pilotes aux opérations commerciales :

Initialement dominés par des projets pilotes soutenus par le gouvernement ou l'international, de plus en plus d'entreprises et d'investisseurs privés reconnaissent le potentiel commercial et investissent dans des fermes RAS à échelle commerciale.

Domestication et recherche sur les espèces locales :

Au-delà de l'introduction d'espèces conventionnelles comme le tilapia et le poisson-chat, la recherche et la domestication d'espèces de poissons endémiques locales, à forte valeur ajoutée et prisées sur le marché, deviennent un nouvel axe de recherche et développement afin de mieux s'adapter aux préférences du marché et aux spécificités culturelles.

Adaptation localisée des technologies et des modèles :

Compte tenu de l'instabilité du réseau électrique africain, des systèmes RAS hybrides intégrant l'énergie solaire, le biogaz et d'autres sources d'énergie renouvelables sont à l'étude afin de réduire les coûts d'exploitation et les risques de pannes de courant.

Collaboration internationale et afflux de capitaux :

Les entreprises technologiques, les fournisseurs d'équipements et les investisseurs d'Europe, d'Amérique du Nord et de Chine recherchent activement des partenariats avec des entreprises africaines locales, apportant capitaux, technologies et expertise en matière de gestion.

Défis :

Investissement initial et coûts d'exploitation élevés :

Les coûts de construction et les investissements en équipements pour les systèmes RAS sont nettement plus élevés que pour l'aquaculture traditionnelle, et la dépendance à un approvisionnement stable en électricité demeure un obstacle majeur à leur popularisation.

Manque d'expertise technique et managériale :

Le secteur des systèmes d'extraction et de recirculation (RAS) est une industrie à forte intensité technologique qui nécessite une équipe de professionnels multidisciplinaire pour son exploitation et sa maintenance quotidiennes. L'Afrique souffre d'une grave pénurie d'expertise locale dans ce domaine.

Infrastructure non fiable :

L'instabilité de l'alimentation électrique constitue la principale menace pour le bon fonctionnement d'un système RAS. Une panne de courant entraînant une carence en oxygène peut anéantir un stock entier en quelques heures.

Perception et acceptation du marché :

Le coût de production des produits issus de l'aquaculture en système RAS est souvent plus élevé. Sensibiliser les consommateurs à ce prix plus élevé par rapport aux produits sauvages ou issus de l'aquaculture traditionnelle nécessite un travail de sensibilisation du marché et de développement de la marque.

IV. Conclusion et perspectives

Le développement de l'aquaculture en systèmes RAS en Afrique représente bien plus qu'un simple transfert de technologie ; il constitue une transformation profonde touchant la sécurité alimentaire, la gestion des ressources en eau, la croissance économique et la durabilité environnementale. Grâce à ses atouts majeurs que sont la conservation de l'eau, l'utilisation efficace des terres, le respect de l'environnement et la flexibilité, elle offre à l'Afrique une voie viable pour surmonter les contraintes liées aux ressources naturelles et moderniser et industrialiser son secteur aquacole.

Pour aller de l'avant, la promotion du développement sain des systèmes d'aquaculture en recirculation (RAS) en Afrique nécessite des efforts concertés de la part de multiples parties prenantes : les gouvernements devraient les intégrer dans les stratégies nationales de sécurité alimentaire et de développement de l'aquaculture, en fournissant des incitations politiques et un soutien infrastructurel.

Les organisations internationales et les investisseurs devraient proposer des capitaux plus souples et patients, tout en soutenant la formation technique et le transfert de connaissances. Les entreprises privées doivent explorer des modèles économiques adaptés aux marchés locaux, en commençant par une échelle gérable et en acquérant progressivement de l'expérience.

Bien que le chemin à parcourir soit semé d'embûches, la tendance est claire. La technologie RAS agit comme un courant profond et constant qui se renforce sous la surface du continent. Elle recèle le potentiel, dans un avenir proche, non seulement de devenir un moteur de production de protéines pour nourrir les populations africaines, mais aussi de permettre à l'Afrique de passer du statut de suiveur en aquaculture à celui d'innovateur et de chef de file en matière d'agriculture durable et intelligente. Le succès de cette « révolution bleue » façonnera profondément le paysage futur de l'Afrique.